LIKOUTEI AMARIM: Chapitre 2

Publié le par Baal Hatanya

24 KISLEV

 

Chapitre 2

Likouteï Amarim: chapitre 2

La seconde âme que chaque Juif possède est une parcelle de D.ieu, véritablement, et provient du souffle par lequel D.ieu créa l'homme. L'Admour Hazaken fait observer que, malgré le fait qu'il existe de très nombreux niveaux parmi les âmes, celles-ci trouvent toutes leur source dans la "Sagesse suprême" ('Ho'hma Ilaa) de D.ieu.

 

 

ונפש השנית בישראל היא חלק אלו-ה ממעל ממש

La 2nde âme, exclusivement juive, est véritablement « une partie de Dieu d’En-haut ».

 

["Une partie de Dieu d’en-haut" est une citation tirée de l’Ecriture (Iyov 31:2). Le Rebbe ajoute le mot "vraiment" pour soumettre à une contrainte la signification littérale de ces mots. Car, comme cela est connu, [1] quelques versets utilisent le langage hyperbolique. Par exemple, le verset [2] décrivant les "grandes et riches villes atteignant jusqu’aux cieux" est clairement à entendre au niveau figuratif, et pas littéralement. Comme nous ne devrions pas interpréter l'expression "une partie de Dieu d’en haut" d'une façon semblable, le Alter Rebbe ajoute le mot "Mamash vraiment", de ce fait souligne que l'âme juive est littéralement une partie de Dieu d’en-haut].

 

כמו שכתוב: ויפח באפיו נשמת חיים

Ainsi qu’il est dit [pour Adam, dont l’âme était une âme générale une Neshamah Klalit, en cela qu’elle contenait toutes les âmes particulière des générations à venir] (3) « et Il insuffla dans ses narines une âme de vie »

ואתה נפחת בי

[et comme nous disons dans nos prières quotidiennes (4)] : « Tu l’as insufflée en moi. »

 

[Rabbi Schneour Zalman va maintenant expliquer la signification du terme ‘soufflé’ relativement à l’inclusion de l’âme juive.]

וכמו שכתוב בזוהר: מאן דנפח מתוכיה נפח, פירוש מתוכיותו ומפנימיותו

Il est écrit dans le Zohar (5) : «  celui qui souffle, souffle de de l’intérieur de lui-même », cad. de l’intérieur et du plus profond de son être,

שתוכיות ופנימיות החיות שבאדם מוציא בנפיחתו בכח

car en soufflant avec force, un homme émet sa vitalité intérieure et profonde.

 

[Le souffle engage la personne plus que la parole car il exige un plus grand effort et une plus grande vitalité de sa part. Ainsi la métaphore du souffle utilisée pour décrire l’inclusion d’une âme dans un corps signifie que son âme provient de l’aspect intérieur de la Divinité.

Le fait que le Juif s’enracine dans l’intériorité de la divinité se reflète également dans la définition du Peuple Juif comme « les enfants de Dieu », dont les âmes procèdent de l’intériorité Divine à l’instar d’un fils dont l’âme procéde du cerveau de son père comme Rabbi Chneour Zalman va maintenant l’expliquer.]

 

כך על דרך משל נשמות ישראל עלו במחשבה

Ainsi, allégoriquement parlant, les âmes juives sont apparues dans la Pensée Divine. (6)

 

[Le Juif a sa source dans la "pensée" divine, le plus profond niveau divin. Toutes les autres créatures, même les anges, sont enracinés et sont créés par la « Parole » Divine. La Parole est extérieure par rapport à la pensée.]

 

כדכתיב: בני בכורי ישראל

Comme il est dit [relativement au peuple Israël dans son ensemble] (7) : « Israël mon premier né ».

בנים אתם לה׳ אלקיכם

[Et relativement à chaque juif (8)] : « Vous êtes des enfants pour l’Eternel votre Dieu »

 

פירוש: כמו שהבן נמשך ממוח האב

Cela veut dire que tout comme un enfant dérive du cerveau de son père, [sa nature intérieure et essentielle]

כך כביכול נשמת כל איש ישראל נמשכה ממחשבתו וחכמתו יתברך

ainsi (pour user d’un anthropomorphisme), l’âme de chaque Juif dérive de la Pensée de la Sagesse de Dieu.

 

[Rabbi Schneour Zalman va maintenant interpréter cette idée sur un autre plan. Dire « les juifs descendent de la pensée et de la sagesse de Dieu » signifie qu’ils dérivent de Dieu lui même.]

 

דאיהו חכים ולא בחכמה ידיעא, אלא הוא וחכמתו אחד

Parce (9) qu’ « Il est sage (Dieu possède la qualité de sagesse) mais non d’une sagesse que nous connaissons. Car Lui et Sa Sagesse sont Un. 

 

וכמו שכתב הרמב״ם שהוא המדע והוא היודע כו׳

Et comme Maïmonide l’écrit (10) : « Il est (simultanément) la connaissance et Celui Qui connait... » »

 

[En d’autres termes, la sagesse et la compréhension de Dieu différent totalement de la compréhension humaine. Il y a dans ce dernier 3 éléments :

 

1 - l’âme de l’homme, « le connaisseur » ou possesseur de la connaissance

2 - le pouvoir de l’intellect et de la compréhension, « la connaissance » au moyen duquel l’homme connait

3 -  « le connu » - le sujet connu - comme une loi de la Mishnah ou une discussion de la Guemara qui est apréhendée et connue.

 

Concernant la connaissance divine néanmoins, Maïmonide déclare : « Il est la connaissance, le connaisseur et le connu. » Dieu est en même temps le mode de compréhension : la connaissance ; Celui qui comprend : Le Connaisseur ; et Ce qui est compris : le connu.]

 

ודבר זה אין ביכולת האדם להבינו על בוריו כו׳

Maïmonide poursuit : « et il n’est pas dans le pouvoir de l’homme de comprendre cela (clairement). »

 

כדכתיב: החקר אלו-ה תמצא, וכתיב: כי לא מחשבותי מחשבותיכם וגו׳

Ainsi qu’il est dit (11) : « Peux-tu trouver et comprendre Dieu en cherchant ? »  Et (12) « Car mes pensées ne sont pas vos pensées (dit Dieu) ».

 

[Par conséquent l’homme ne peut pas comprendre la pensée Divine.

La pensée de Dieu ne faisant qu’Un avec Lui même, comme cela a été montré, il s’ensuit que l’âme juive qui dérive de la Sagesse Divine, dérive en réalité de Dieu lui-même.

 

Beaucoup de philosophes juifs (13) refusent cette définition de Dieu tel Qu’il est Celui Qui connait la connaissance et le connu. Ils considérent qu’il est impossible de définir Dieu de quelque façon que ce soit même par les niveaux sublimes de l’intellect. Car toute description implique une limitation et Dieu est par inhérence illimité.

 

Dans la note qui suit, Rabbi Schneour Zalman remarque que les Kabalistes suivent l’avis de Rambam. En faisant la nuance que cette définition ne s’applique pas à l’Essence de Dieu car celle-ci est véritablement infinie – même plus haut que même le niveau non scrutable de « la Connaissance » à laquelle Maïmonide se référe. Concernant Son essence, ceux qui sont en désaccord avec Rambam ont donc raison de maintenir que Dieu ne peut pas être défini en termes de connaissance, puisque Il la transcende infiniment. C’est seulement aprés que Dieu ait limité la lumière infinie de Son Essence au moyen de son Tsimtsoum (contraction progressive) et se soit ainsi revêtu de l’attribut de Hokhmah, la Sagesse, qu’il est possible de dire que Dieu est « Celui Qui connait, la Connaissance et le Connu ».

הגהה

והודו לו חכמי הקבלה כמ"ש בפרדס מהרמ"ק וגם לפי קבלת האר"י ז"ל

Note :

Les Kabalistes lui ont donné raison (quant au fait que Dieu peut être décrit comme « Connaisseur, connaissance, connu ») comme cela est expliqué dans le Pardes Rimonim de Moche Cordovéro. Même selon la Kabalah du Ari za'l, la déclaration de Maïmonide a un sens.

 

[La Kabbalah du Ari za'l fournit même une plus profonde explication de l’Essence Divine infinie, plus élevée encore que la "connaissancee" à laquelle se réfère Maimonide. Pourtant, même selon l'enseignement du Ari z'al, la déclaration de Maimonide est acceptable, avec une réserve, cependant.]

 

                 בסוד התלבשות אור אין סוף ברוך הוא, על ידי צמצומים רבים, בכלים דחב״ד דאצילות

Il en est ainsi seulement quand le principe mystique du revêtement de la lumière du EïnSof (l’Infini Divin) au moyen de nombreuses contractions (Tzimtzoumim) dans les réceptacles des Séfirot de ‘HaBaD (חב"ד acronyme de Hokhmah, Binah veDaath, respectivement la triade de Séfirot Sagesse, Compréhension et Connaissance qui représentent l’intellect Divin), les attributs intellectuels du monde d’Atsilout (émanation) s’applique.

 

[Grâce à un processus d'auto-limitation appelé tzimtzoum ("la contraction"), Dieu manifeste (ou, en terme kabbalistique, "revêt") Son Essence infinie (appelée par les Kabbalistes Ein-Sof - "l'infini, le Un infini") dans Les Sefirot, qui sont Ses attributs. Cette manifestation se produit d'abord dans Atzilout; précisément, dans ‘HaBaD de Atzilout – la Divine Intelligence. Ainsi, au niveau de Atzilout, Dieu peut en effet être défini dans les termes de Maimonide "Connaisseur, Connaissance et connu", c'est-à-dire l'intellect],

 

אך לא למעלה מהאצילות

Mais non au-delà d’Atsilout.

 

[Il est alors impossible de définir Dieu qui est inconnu.

Au-dessus du monde de Atzilout le Dieu Inconnu ne peut pas être défini. En conséquence, dans les termes de l’échelle Kabalistique, Maïmonide n'a rien à dire sur Dieu mais sur le monde de Atzilout et "en-dessous"].


 

Comme il est expliqué ailleurs (15) le Ein-Sof -l’infini Divin bénit soit-il- est infiniment glorifié et transcende l’essence et le rang de ‘HaBaD, חב"ד les attributs intellectuels.

 

En fait le niveau de ‘’HaBaD חב"ד est considéré comme étant aussi inférieur que l’action physique (Assyah) par rapport à Lui. Ainsi qu’il est dit (16) : « Tu les fîs tous avec Sagesse. »

 

Le verbe « faire » utilisé ici montre que la Sagesse au plus haut niveau des mondes est à Son égard considéré comme le monde d’Assyah. Celui de l’action physique.

 

Fin de note

 

[Rabbi Schneour Zalman va maintenant répondre à une objection soulevée par sa précedente affirmation, à savoir que chaque âme juive dérive de la Sagesse Divine. Les âmes qui proviennent toutes d’une même source devraient toutes avoir le même niveau et le même rang. Comment se créent les différences entre les âmes juives ? ]

 

ואף שיש רבבות מיני חלוקי מדרגות בנשמות, גבוה מעל גבוה לאין ק׳

En vérité, il existe des myriades de différents niveaux d’âmes (Neshamot), un rang au-dessus de l’autre ad infinitum.

כמו גודל מעלת נשמות האבות ומשה רבינו, עליו השלום, על נשמות דורותינו אלה דעקבי משיחא

Par exemple les âmes des Patriarches et de Mosheh rabbenou sont bien supérieures aux âmes de notre génération qui appartiennent à l’époque du talon de Mashia’h.

 

שהם בחינת עקביים ממש לגבי המוח והראש

Car (ces dernières) sont semblables au talon par rapport au cerveau et à la tête.

 

[De même que le talon ne peut être comparé par rapport au cerveau et à la tête, ainsi aucune comparaison ne peut être faite entre les âmes de notre génération (talon) et celles (appellées ici cerveau et tête) des générations précédentes.]

 

וכן בכל דור ודור יש ראשי אלפי ישראל, שנשמותיהם הם בחינת ראש ומוח לגבי נשמות ההמון ועמי האר׳

De même, dans chaque génération la même disparité existe entre les âmes. Il y a ceux qui sont les têtes (les leaders du peuple), de la multitude d’Israël, [ainsi désignés parce que] leurs âmes sont du rang de la tête et du cerveau, par rapport à celle de la masse et des ignorants « am haarets ».

 

וכן נפשות לגבי נפשות כי כל נפש כלולה מנפש רוח ונשמה

Et de même, [les mêmes distinctions existent] entre Nefashot et Nefashot, (les catégories d’âmes du Nefesh), car chaque âme consiste en un Nefesh, un Roua’h et une Neshamah. [17] 

See Zohar I, 206a; also Rabbi Yeshayahu Hurwitz, Shnei Luchot HaBrit I, 9b

 

[De même que le niveau de Neshamah d’un Juif varie d’un Juif à l’autre ainsi les niveaux de Roua’h et de Nefesh.

 

On voit donc qu’il y a ainsi de nombreuses diffërences dans les rangs des âmes. En conséquence, il faut s’attendre à de similaires variations dans leur source divine - plus grande est l'âme plus élevée est sa source.]

 

מכל מקום שורש כל הנפש רוח ונשמה כולם, מראש כל המדריגות עד סוף כל דרגין, המלובש בגוף עמי האר׳ וקל שבקלים

Néanmoins, la source de chaque Nefesh, Roua’h, et Neshamah du plus haut de tous les rangs au plus bas, [le plus bas étant les âmes] revêtues à l’intérieur des corps des illettrés, et des juifs les plus simples d’esprit,

נמשך ממוח העליון שהיא חכמה עילאה כביכול

Toutes dérivent de l’esprit Suprême et de ‘Hokhmah Ilaah la Sagesse Suprême.

 

[Afin de nous aider à mieux comprendre pourquoi les niveaux des âmes individuelles varient largement en dépit de leur source commune, l'Alter Rebbe revient à l'analogie d'un père et de son fils (utilisée précédemment pour illustrer la description des Juifs comme "enfants" de Dieu qui sont issus de ‘Hokhmah Ila'ah - "cerveau" Divin, pour ainsi dire).

 

Une explication en bref: Dans l'analogie, nous observons que tout le corps de l'enfant est dérivé d'une goutte de sperme originaire du cerveau de son père. Pourtant, les nombreux éléments physiques qui constituent le corps de l'enfant ne sont en aucune façon uniforme. Ils varient considérablement, depuis le cerveau, le plus élevé de composants, aux ongles des pieds, le plus bas.

 

Ces différences radicales se font grâce à la présence de la goutte de sperme dans le sein de la mère au cours de la période des neuf mois de gestation. C'est cette période de développement physique, qui produit les différences entre un organe et un autre: plus un élément particulier de la goutte est matérialisé, plus il s'écarte de son état d'origine et devient une entité dotée de ses propres caractéristiques physiques uniques. Nous avons donc observé que, bien que tous les organes aient une source commune, néanmoins dans le processus du développement, il y a des différences aussi radicales que celle entre le cerveau et les ongles.

 

Une autre question ressort de l'analogie: Bien que les ongles soient les plus insignifiantes parties du corps de l'enfant, ils sont toujours liés et unis à leur première source, le cerveau du père. Car, comme les autres parties du corps de l'enfant, les ongles aussi recevoivent leur nourriture et leur vie depuis son cerveau. Puisque le cerveau de l'enfant conserve l'essence de sa source (le cerveau du père) et est donc constamment relié à sa source, même les ongles sont donc liés à leur source d'origine.

 

Il en est de même en ce qui concerne les âmes. Toutes les âmes sont issues d'une même source et racine,‘Hokhmah Ila'ah. Mais l'âme doit descendre de celle-ci par le biais d'une multitude de mondes et niveaux, avant de se revêtir dans un corps physique. C'est cette descente qui crée des changements dans l'âme et les différences de niveau entre une âme et une autre, car une âme est touchée par cette descente d'un degré plus élevé qu’une autre.


Le second aspect de l'analogie s'applique aussi ici. Même si une âme peut descendre au plus bas des niveaux, elle reste liée et unifiée avec sa source dans ‘Hokhmah Ila'ah. Dans l'analogie, les ongles restent liés au cerveau du père par l'intermédiaire de leur unité avec le cerveau du fils. De même, ces âmes du niveau le plus bas restent liées à leur source dans ‘Hokhmah Ila'ah grâce à leur attachement aux âmes des justes et des sages de leur génération, de qui elles reçoivent leur nourriture spirituelle. Même quand dans ce monde physique, les âmes d'un niveau plus élevé (analogue au cerveau de l’enfant) conservent le niveau spirituel de leur source - le niveau de "tête" et de "cerveau", et par l'intermédiaire de ces âmes, même les âmes des niveaux inférieurs restent liées et unifiées avec leur source en Dieu. C’est cela, brièvement, que le Alter Rebbe va expliquer ensuite.]

 

כמשל הבן הנמשך ממוח האב, שאפילו צפרני רגליו נתהוו מטפה זו ממש

[Métaphoriquement parlant, la descente de l’âme dans le corps] est comparable à un fils qui dérive du cerveau de son père. Même les ongles de ses pieds sont issus de la goutte de semence [provenant du cerveau de son père... Comment les ongles furent crées de cette goutte ?]

 

על ידי שהייתה תשעה חדשים בבטן האם, וירדה ממדריגה למדריגה, להשתנות ולהתהוות ממנה צפרנים

En demeurant neuf mois dans la matrice de la mère, elle est descendue de niveau en niveau jusqu’à ce que l’ongle soit formé à partir d’elle.

 

[Ainsi bien que les membres de l’enfant proviennent tous de la même source, la goutte de semence issue du du cerveau du pére, ils se développent en différentes entités tels le cerveau et les ongles.]

 

ועם כל זה עודנה קשורה ומיוחדת ביחוד נפלא ועצום במהותה ועצמותה הראשון, שהיתה טפת מוח האב

De plus, bien que la goutte ait été modifiée de façon à devenir la substance de l’ongle de pied de l’enfant, elle reste néanmoins attachée et unie dans une puissante unité à son essence originelle, à savoir la goutte de semence issue du cerveau du père.

 

וגם עכשיו בבן, יניקת הצפרנים וחיותם נמשכת מהמוח שבראש

Même maintenant dans le fils, les ongles reçoivent leur nourriture et vitalité du cerveau et de la semence dans sa tête.

 

[Les ongles tirent leur vie du cerveau de l'enfant, qui, à son tour, conserve l’essence de sa source, le cerveau du père. Ainsi, les ongles sont aussi liés - à travers le cerveau du fils avec le père du cerveau.

La preuve est maintenant apportée que les ongles restent liés au cerveau du père.]

 

 

כדאיתא בגמרא נדה שם : לובן שממנו גידים ועצמות וצפרנים

Ainsi qu’il est écrit dans le Talmud au Traité Niddah (18) : « du blanc de la goutte provenant du cerveau du père sont formés les ongles, la peau et les os de l’enfant. »

 

[Selon la Kabbalah, il y a un lien entre les ongles et le cerveau comme nous le verrons maintenant]

 

וכמו שכתוב בע׳ חיים, שער החשמל, בסוד לבושים של אדם הראשון בגן עדן

Dans le Ets ‘Hayyim - Shaar ha’hashmal, il est également enseigné relativement aux vêtements ésotériques des vêtements d’Adam - le 1er homme dans le jardin d’Eden -  

שהיו צפרנים מבחינת מוח תבונה

que [ces vêtements] étaient des ongles dérivés de la faculté cognitive du cerveau.

וככה ממש כביכול בשורש כל הנפש רוח ונשמה של כללות ישראל למעלה

Il en est de même de chaque Nefesh, Roua’h ou Neshamah de la communauté d’Israël En-haut.

 

[L'âme, elle aussi, est passé de son état d'origine par un processus de "développement" semblable à la gestation qui transforme la goutte de sperme; dans le cas de l'âme, cependant, ce processus se compose d'une descente de monde en monde, et de niveau en niveau au sein de chaque Monde, comme il est mentionné brièvement ci-dessus.


Le Alter Rebbe va maintenant décrire les détails de la descente

 

Plus précisément, l’âme passe à travers quatre Mondes spirituels, dans sa descente depuis la Suprême Sagesse jusqu’au corps humain. Ces "mondes", ou  étapes dans le processus créateur, sont (par ordre décroissant): Atzilout (le monde de l'émanation), Beriah (le monde de la Création), Yetzirah (le monde de la Formation) et Assiyah (le monde de l'action). (Ils sont écrits par l’acrostiche אבי"ע prononcée ABiYA.)

 

La fonction et l'importance de ces "mondes" sera précisée plus loin dans le Tanya, pour l'instant, une brève explication suffit.


Atzilout (émanation) est un monde où la lumiére du Ein-Sof rayonne, de sorte que Atzilout est, en effet, le Divin Lui-même "transplanté" (pour ainsi dire) à un niveau inférieur.(Cela se fait au moyen du tzimtzoum). Pour cette raison, Atzilout est toujours unie à sa source – Ein-Sof.

 

Ces deux caractéristiques de Atzilout sont indiquées dans son nom même. Le mot Atzilout est étymologiquement lié à deux racines:

a) Le verbe לצא, qui signifie "déléguer", comme dans le verset [19] « Je (Dieu) déléguerais quelque chose de ton esprit et le placerais sur eux (Les soixante-dix anciens)» Bamidbar 11:17. "Le verset dit, alors, que l'esprit de prophétie possédé par les soixante-dix Sages n’était qu'une simple extension de l’esprit de Moïse, et non pas quelque chose de nouveau, et séparé de lui. De même, les propriétés de Atzilout sont des extensions, sur un niveau inférieur, du Ein-Sof.

(b) Atzilout est également liée au mot "Etzel", qui signifie "près" - ce qui montre l'unité de Atzilout avec sa source.

 

Le Monde de Beriah (Création), comme son nom l'indique, est une création, non le Divin Lui-même. Il est le premier à survenir à la maniére Yesh Me'Ayin - Création ex nihilo, à partir de Ayin ("néant"), il survient un Yesh, un état précis d'existence. Beriah, cependant, représente simplement le passage hors de l'inexistence, c’est un état dans la création, qui ne peut pas encore être évoqué comme donnant lieu proprement à "l’existence", définie en termes de forme et de structure.


Yetzirah (Formation) est le monde où ce qui a été créé à partir de Ayin assume ses formes.

 

Le Monde de Assiyah réfère à la création achevée. On comprend que cette création  achevée est encore spirituelle. Le monde final de la création ("Assiah physique"), composé de notre monde physique avec l'ensemble de ses créatures, naît seulement à un stade ultérieur.


Ensemble, ces mondes forment le Seder Hishtalshelout, "l’ordre de l’enchainement de la descente », ainsi désigné parce que tout comme le plus faible maillon d'une chaîne est reliée au plus haut par le biais de l'imbrication de tous les chainons, de même, dans le Seder Hishtalshelout, Le niveau le plus bas en Assiyah est connecté au plus haut niveau dans Atzilout; tous les niveaux sont interconnectés et influent l’un dans l’autre.

 

Au cours de sa descente de ‘Hokhmah Ila'ah (Suprême sagesse - le niveau le plus élevé en Atzilout) vers le corps physique, l'âme passe à travers l'ensemble du Seder Hishtalshelout et, comme indiqué plus haut, cette descente produit les différents niveaux d'âmes, Tout comme la gestation entraîne la chute du sperme qui doit être transformé en organes corporelles de l’enfant, même jusqu’au au point où sont formés les ongles.


Après cette introduction, nous revenons aux mots du Alter Rebbe]:

 

(Une métamorphose s’opére en l’âme à travers sa descente de monde en monde, dans un processus de transformation semblable à celui de la gestation qui transforme la goutte de semence.

 

Toutefois dans le cas de l’âme cette transformation consiste en une descente de monde en monde et de niveaux en niveaux à l’intérieur de chaque monde.

 

Rabbi Schneour Zalman va à présent décrire les détails de cette descente. )

 

בירידתו ממדריגה למדריגה על ידי השתלשלות העולמות, אצילות בריאה יצירה עשיה מחכמתו יתברך

Par la descente de l’âme de degré en degré, à travers la Hishtalshelout - l’enchainement - des mondes spirituels d’Atsilout, Beryah Yestsirah et Assyah depuis la sagesse Divine,

כדכתיב: כולם בחכמה עשית

ainsi qu’il est dit « Tu les as tous faits avec Sagesse. (Hokhmah) » [i.e. tout provient de Hokhmah qui est la source de Hishtalshelout]

נתהוו ממנו נפש רוח ונשמה של עמי האר׳ ופחותי הערך

(à travers cette descente) les Nefesh et Roua’h, et Neshamah des ignorants (Amei haarets) et des êtres indignes, viennent à l’existence.

 

[Leurs âmes furent particulièremnt affectées par cette descente, aussi sont-elles d’un niveau spirituel inférieur. De même, le niveau spirituel de chaque âme dépend de l’effet de cette descente sur elle à travers Hishtalshelout. Certaines âmes sont affectées dans un plus grand degré, d’autres moins.]

 

[Le Alter Rebbe décrit maintenant le deuxième point dans l'analogie de notre cas. Tout comme dans l'analogie, les ongles de l'enfant sont toujours liés à leur première source, par l'intermédiaire de leur être constamment nourris par le cerveau de l'enfant, de même, dans le cas de l'âme]:

 

ועם כל זה עודינה קשורות ומיוחדות ביחוד נפלא ועצום במהותן ועצמותן הראשון, שהיא המשכת חכמה עילאה

Néanmoins, (en dépit du fait qu’elles soient déjá devenues des âmes de faible niveau spirituel), elles (les âmes des ignorants) demeurent néanmoins attachées et unies dans une merveilleuse et puissante unité avec leur essence originelle, à savoir une extension de la ‘Hokhmah Ila’ah la Sagesse Suprême.

 

כי יניקת וחיות נפש רוח ונשמה של עמי האר׳ הוא מנפש רוח ונשמה של הצדיקים והחכמים ראשי בני ישראל שבדורם

Car la nourriture et la vitalité des Nefesh et Roua’h, Neshamah des ignorants dérivent des Nefesh et Roua’h, Neshamah des Tsadikim et des Sages dans leur générations.

 

[En recevant la nourriture et leur vitalité de ceux qui sont au niveau de la tête et du cerveau, tous les Juifs sont attachés à leur source dans ‘Hokhmah Ilaah - la Sagesse Suprême.]

 

ובזה יובן מאמר רבותינו ז״ל על פסוק: ולדבקה בו — שכל הדבק בתלמיד חכם מעלה עליו הכתוב כאלו נדבק בשכינה ממש

Cela nous permettra de comprendre le commentaire de nos Sages sur le verset : « Et pour s’attacher à lui ». (concernant ceci la question se pose: Comment l’homme peut-il s’attacher à Dieu? En réponse, nos Sages commentent :) Celui qui s’attache d’un lien à un érudit de la Torah, est considéré comme s’il s’était attaché à la Shekhinah - la Présence Divine.

 

[Cela semble difficile à comprendre: Comment peut-on identifier l’attachement à un savant en Torah avec l’attachement à la Shekhinah? Cependant, à la lumière de ce qui précède, c’est aisément compréhensible.]

 

כי על ידי דביקה בתלמידי חכמים, קשורות נפש רוח ונשמה של עמי האר׳ ומיוחדות במהותן הראשון ושרשם שבחכמה עילאה

Car, à travers ce lien aux Savants, les Nefesh, Roua’h, Neshamah de l’ignorant sont attachés à la source de Sagesse Suprême,

שהוא יתברך וחכמתו אחד, והוא המדע כו׳

(et ainsi avec Dieu Lui-même car) Dieu et Sa Sagesse sont Un et Il est la Connaissance.

 

והפושעים ומורדים בתלמידי חכמים

[22] Quant à ceux qui fautent et se rebellent délibérément contre les Sages de la Torah,

[Comment recevoir leur vie spirituelle et nourriture ? La vie spirituelle et la nourriture s’écoulent uniquement lorsqu'il existe un désir de nourrir et de donner vie. En réponse à cela, le texte continue]:

 

יניקת נפש רוח ונשמה שלהם מבחינת אחוריים של נפש רוח ונשמת תלמידי חכמים

La nourriture de leur Nefesh, Roua’h Neshamah vient de l’aspect extérieur de la Nefesh, Roua’h, Neshamah des érudits.

 

[La nourriture depuis "l’arrière" peut être entendue à titre de comparaison à celui qui donne un objet à son ennemi - à l'évidence, non pas avec un véritable désir de donner, mais plutôt à cause de certains facteurs externes. La réticence avec laquelle il donne sera prise en compte dans sa manière, il va se détourner de lui, jetant l'objet à son ennemi par-dessus son épaule. Il en est de même dans la sphère spirituelle. Quand la nourriture spirituelle est donnée contre son gré, elle est décrite comme provenant de "la partie arrière" du donneur -  un niveau extérieur de nourriture.


Néanmoins, même ceux qui se rebellent contre les sages reçoivent une certaine mesure de nourriture spirituelle de leur part. Car chaque âme, sans exception, doit être reliée à sa racine et à sa source, comme expliqué précédemment. Le niveau d'alimentation qu'ils reçoivent, provient cependant de la "partie arrière" des âmes des Sages].

 

[ [23] Après avoir conclu que chaque Juif a une âme sainte qui émane "d’En-Haut" (de la Sagesse Supérieure), le Alter Rebbe dit maintenant que même la qualité (le "rang" ou "niveau") de chaque âme individuelle est déterminée seulement par des facteurs "à partir d’en-haut"- des facteurs spirituels, tels que la descente mentionnée ci-dessus de l'âme au travers le Hishtalshelout. Aucune action de ce monde physique ne peut déterminer sa qualité et son rang. Le Alter Rebbe fait cette déclaration indirectement en clarifiant une citation à partir du Zohar qui semble indiquer le contraire.]

 

ומה שכתוב בזהר ובזהר חדש שהעיקר תלוי שיקדש עצמו בשעת תשמיש דוקא

Quant à ce qui est écrit dans le Zohar (24) et Zohar ‘Hadash (25) que le facteur essentiel [qui détermine l’âme de l’enfant] est de se conduire soi-même d’une manière sainte lors de l’union sexuelle, [le facteur essentiel qui détermine l’âme de l’enfant est la simple conduite des parents lors de la conception],

מה שאין כן בני עמי האר׳ כו׳

Ce qui n’est pas le cas des enfants des ignorants et de leur acabit [qui ne se conduisent pas eux-mêmes ainsi].

 

[Les ignorants - comme le Zohar l’explique -  font descendre pour leur enfant une âme d'un niveau inférieur, ce qui semble indiquer qu'une action qui se produit dans ce monde physique peut, en effet, affecter le niveau de l'âme. Ce n’est pas le cas, déclare le Alter Rebbe. Le Zohar ne se réfère pas à l'âme du tout, mais au « vêtement» de l'âme spirituelle - comme suit:]

 

היינו משום שאין לך נפש רוח ונשמה שאין לה לבוש מנפש דעצמות אביו ואמו

Il en est ainsi car aucun Nefesh, Roua’h, Neshamah, n’est dépourvu de vêtement qui ne proviennent du Nefesh de l’essence de son père et de sa mère.

 

וכל המצות שעושה, הכל עד ידי אותו הלבוש כו׳, ואפילו השפע שנותנים לו מן השמים, הכל הוא על ידי לבוש זה

Tous les commandements qu’il accomplit sont influencés par ces vêtements.

[C'est grâce à ce vêtement que l'âme atteint sa capacité d'influer sur le corps et d’accomplir les commandements concernant des sujets physiques.]

 Même le flux qui lui est dispensé des Cieux est aussi influencé et l’est au moyen de ce vêtement.

[Parce que l'âme est si fortement liée à ce vêtement, le Zohar se réfère à ce vêtement, dans ce contexte, comme à l’âme de la personne.]

 

ואם יקדש את עצמו, ימשיך לבוש קדוש לנשמת בנו

Quant l’homme se sanctifie, il attire un vêtement saint pour l’âme de son enfant [et par là permet à l’enfant de servir Dieu plus facilement].

 

ואפילו היא נשמה גדולה, צריכה לקידוש אביו כו׳

Aussi grande que puisse être l’âme, elle a besoin de la sanctification de son père. [Au moment de l'acte sexuel].

 

אבל הנשמה עצמה, הנה לפעמים נשמת אדם גבוה לאין ק׳ בא להיות בנו של אדם נבזה ושפל כו׳

Mais l’âme elle même, [telle que distincte de son vêtement, n’est pas influencée par la sanctification de ses parents ; en fait] il arrive parfois que l’âme d’une personne très élevée devienne le fils d’un homme indigne et bas.

 

כמו שכתב האר״י ז״ל כל זה בליקוטי תורה פרשת וירא, ובטעמי מצות פרשת בראשית

Tout ceci a été expliqué par le Ari dans son Likoutei Torah  - Parshat Vayera - et dans le Sefer Taamei HaMitsvot - Parshat Bereshit.

 

[Le monde physique – dont les parents sont une partie – ne peut nullement affecter ainsi le rang spirituel de l'âme. Même le commentaire du Zohar selon lequel le facteur essentiel concernant l'état de l'âme est la sanctification de la conduite pendant l'union sexuelle, concerne seulement le "vêtement" de l'âme. L'âme elle-même, avec tous ses divers niveaux, émane "d'En-haut."]

 

Notes: 

1/ voir Tamid 29a. 

2/ Devarim 1:28. 

3/ Bereishit 2:7. 

4/ Siddur, prière de matin;  cf. Berachot 60b. 

5/ non trouvé dans nos éditions du Zohar. 

6/ voir Bereishit Rabbah 1:4. 

7/ Shmot 4:22. 

8/ Devarim 14:1.

9/ introduction à Tikkunei Zohar. 

10/ Hilchot Yesodei HaTorah 2:10. 

11/ Iyov 11:7. 

12/ Yeshayahu 55:8. 

13/ Y compris Rabbi Yehudah Loewe (Maharal) de Prague dans son Gevurot HaShem.

14/ Shaar Mahut VeHanhagah, ch 13. 

15/ voir par exemple Shaar HaYi’houd VehaEmounah (Tanya, partie II), ch 9. 

16/ Tehillim 104:24. 

17/ voir Zohar I, 206a;  également Rabbi Yeshayahu Hurwitz, Shnei Luchot HaBrit I, 9b. 

18/ 31a.

19/ Bamidbar 11:17. 

20/ Ketubbot 111b. 

21/ Devarim 30:20. 

22/ les parenthèses sont dans le texte original. 

23/ cette interprétation du passage suivant du Tanya suit un commentaire du Rebbe Shlita, Rabbi Menachem Mendel Schneerson de juste mémoire.  Ce paragraphe forme (pour sa grande part) une traduction de ce commentaire. 

24/ voir le Zohar II, 204b;  III, 80-82. 

25/ Bereishit, p. 11.


Publié dans LIKOUTEI AMARIM

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